samedi 27 novembre 2010

Psychogénéalogie : le cas Vincent Van Gogh, un "enfant de remplacement"

Lors de la commémoration du centenaire de la mort de Vincent Van Gogh en 1990, Amsterdam est envahie par le flot des admirateurs innombrables de l'artiste. Lui qui n'a connu toute sa vie que l'ombre, l'obscurité, l'anonymat, est aujourd'hui l'objet d'un véritable culte. Lui qui a été solitaire, tourmenté, incompris, méprisé, qui n'a reçu d'assistance et d'affection que de son frère Théo, fait l'objet aujourd'hui de commentaires élogieux, de recherches et de thèses. Il n'a jamais vendu de toile de son vivant, or ses tableaux atteignent maintenant des prix astronomiques; le 30 mars 1987, Les Tournesols atteint la somme record de 240.000.000 francs ! Artiste maudit ? Revenons sur la vie de Van Gogh.
Genèse d'un poète maudit

Vincent Willem Van Gogh est né le 30 mars 1853 à Goort Zundert. Sa famille aristocratique hollandaise compte de nombreux artistes et des pasteurs, son père Theodorus Van Gogh en charge de la paroisse de l'Eglise Réformée Hollandaise. Ses parents sont liés par des liens de famille avant même leur mariage, puisque la soeur de la mère de Van Gogh a épousé le frère de son père : les noeuds familiaux sont déjà bien tissés : notons que le frère du père de Vincent Van Gogh s'appelait Vincent Van Gogh... Vincent et Theo, déjà, le "couple fraternel" est présent à la génération précédente.

Ses parents le poussent à étudier, et Vincent suit son oncle Vincent Van Gogh (l'ancien) dans la profession du négoce d'art. Il s'essaie aussi à la prédication évangélique, comme s'il avait hésité entre les deux vies, celle de son père, Théo, pasteur, et celle de son oncle, Vincent, négociateur en art.



Mais son tempérament solitaire le pousse à une vie de reclus. A 27 ans, autodidacte, Vincent devient peintre. C'est alors que commence pour lui une vie de grand isolement, comme si Vincent n'avait pas de place sur cette terre.

La folie de Van Gogh ?

Van Gogh n'est pas un fou au sens propre du terme , il a une vie intellectuelle intense, il est épileptique, il a des hallucinations auditives et visuelles, il est dépressif et angoissé.. il devient alcoolique et abuse de l'absinthe. C'est un homme prisonnier de sa solitude. Il est capable de s'automutiler, comme lorsqu'il se tranchera l'oreille. Mais quel est le secret de cet homme à la vie apparemment maudite ?

Un secret de famille : Vincent Van Gogh vit la vie d'un "mort vivant"

Tout ces événements semblent nous donner l'idée d'un homme qui n'a pas de place, qui ne peut pas trouver sa place et qui vit pour ainsi dire la vie d'un mort. Mais comment cela est possible ? Essayons d'analyser le "cas" Vincent Van Gogh à la lumière d'un outil thérapeutique moderne, la psychogénéalogie.

Vincent Van Gogh est né un an jour pour jour après un frère aîné mort né prénommé comme lui Vincent Willem, tout comme un autre peintre célèbre, Salvador Dali qui a été quant à lui conçu 10 jours environ après le décès d'un frère aîné prénommé également Salvador et décédé à l'âge de 22 mois.


Vincent Van Gogh, né un an après la mort de son frère aîné, a passé toutes les journées de ses anniversaires quand il était jeune au cimetière, pour accompagner sa mère, devant la tombe d'un autre Vincent Van Gogh, celui que sa mère pleurait et celui dont elle portait le deuil. Dans un sens, ce frère ainé portant le même nom que lui est, nous le comprenons bien à la lumière de la psychogénéalogie, le "vrai" Vincent, lui est le fantôme, l'enfant de remplacement qui ne parviendra jamais à satisfaire sa mère puisque sa place est déjà prise.

Le syndrome de l'enfant de remplacement

Après avoir analysé le tableau de Van Gogh Les premiers pas, Anne Ancelin Schützenberger, spécialiste en psychogénéalogie, a expliqué que la difficulté pour Van Gogh à trouver sa place au soleil est due au fait qu'il était un "enfant de remplacement", c'est à dire qu'il a été conçu pour remplacer son frère ainé mort, ce qui est confirmé d'ailleurs par le fait qu'il est né un an jour pour jour après ce frère ainé ; Anne Ancelin nous explique qu'il s'agit d'un "syndrome d'anniversaire". Il partageait avec ce frère ainé défunt les mêmes prénoms et la même date de naissance. On sait que Vincent Van Gogh redécouvrit ce secret de famille à l'âge adulte en passant par le cimetière, et il en éprouva un énorme choc puisqu'il vit "sa" propre tombe avec son nom, et sa date anniversaire.

Vincent et Theo

Le 31 janvier 1890, nait un autre petit Vincent Van Gogh... Theo, le frère du peintre, a choisi de nommer son propre fils du nom de son frère, mais aussi de son frère ainé défunt, et de son oncle...Vincent Van Gogh, dans ses lettres à Théo, ne nommait jamais le futur Vincent par son nom mais l'appelait "le petit", et il choisit de se donner la mort quelques mois après la naissance de ce "petit", comme s'il n'y avait pas de place pour un autre vivant et que sa mission d'enfant de remplacement était close.

A consulter :

Emilie Pécheul : Réenchanter son histoire familiale, introduction à la psychogénéalogie, Arsis 2008.

Serge Tisseron, Secrets de famille, mode d'emploi, Marabout Psy 2007.

un article de la revue française de psychanalyse

Presses Universitaires de France | Revue française de psychanalyse, 2003/2 - Volume 67, pages 673 à 683


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